Courir les rues d’Attia pour ne pas risquer d’être en retard au travail et ce malgré froid et tempête, voilà une occupation qui revenait bien trop souvent dans la vie de Perséphone, Reine des enfers, gardienne du grand livre des morts, détentrice et protectrice de la célèbre Balmung, épée légendaire qu’une vieille femme lui avait confié au moment de rendre le dernier soupir. Et la déesse, en se rendant aujourd’hui sur les lieux d’un jardin à réaménager, ne s’attendait pas à trouver un nouvel artefact, ou plutôt la moitié de celui-ci.

Ses grands yeux bruns parcouraient les lieux. L’enfant de Zeus et Déméter était déjà venue faire des repérages par ici, mais aujourd’hui était le jour des plantations et elle se devait d’être là pour superviser le travail de ses ouvriers. L’épouse d’Hadès préférait largement être présente sur les lieux au moment de l’installation, afin de juger par elle-même de la disposition choisit et des éventuels arrangements qui devaient être apportés. La déesse avait du mal à déléguer ? Oui, c’était possible. Quoi qu’il en soit, Perséphone était aujourd’hui occupée aux abords du lac St-Jimmy, à courir dans tout les sens pour vérifier la disposition des plantations et ce malgré la pluie battante.

Comment aurait-elle put voir le chien, occupée comme elle l’était ? Comment la déesse aurait-elle put voir le rougeoiement sauvage de la pierre alors que la pluie battante lui donnait surtout l‘envie de finir la tâche au plus vite afin de pouvoir rentrer à ses bureaux, sur la rue Rockfeller, histoire d’être au sec ? Les probabilités pour que la fille de Zeus tombe sur l’artefact étaient très faible. Elle aurait même put marcher dessus et ne pas le voir. Et pourtant…

La pluie avait rendu la terre boueuse, tant et si bien que la reine des morts s’était prise le pied dans les pans de son jean, ce qui avait provoquée une chute, la tête première dans la gadoue et… nez à nez avec l’étrange anneau qui ne manqua pas de piquer sa curiosité. S’en saisissant avant de se relever, la déité l’observa sous tous les angles. Elle ressentait bien que cette amulette n’était pas banale, mais elle n’avait aucune idée de ce que c’était en réalité. La glissant dans sa poche, la demoiselle décida de se préoccuper de cela plus tard. Pour l’heure, l’Infernale devait surtout rentrer afin de pouvoir prendre un bain dont elle avait maintenant bien besoin et changer ses vêtements, désormais couverts de son élément. En fait, la déesse aurait put user de géokinésie pour s’en débarrasser… Mais si quelqu’un l’avait vu tomber, ce n’était guère prudent. De plus, cela lui donnait l’opportunité de voir Hadès. Le genre de choses que laquelle la déesse ne crachait plus depuis bien longtemps, contrairement aux croyances populaires des grecs de l’ancien temps. Qu’ils avaient donc étés benêt, de croire à une haine qui, en fin de compte, n’avait que peu durée.

S’excusant auprès des employés chargés des plantations, la demoiselle quitta les abords du lac pour rentrer dans ses terres, ou plutôt, sous la surface de la terre, afin de regagner son palais, au cœur de l’Erèbe, caché par sa triple muraille d’airain, au milieu de plaines empestant le souffre et la douleur.