« Est-ce que je peux vous aider ? »

Voilà quelles étaient les premiers mots que Yuko Kagurazaka lui adressa. C’était une question simple, pourtant, la réponse en était difficile.

En cette fin de journée, Aelys était rentrée chez elle, d’humeur joyeuse après du bon temps au lycée où elle enseignait l’art plastique, elle s’était posée à son atelier. Assise devant une toile vierge posé sur un chevalet, son matériel était posé à sa droite. Elle avait pris un pinceau avec à la pointe de la peinture rouge, et avait tracé un premier trait fin. Son humeur à cet instant changea, et elle se sentit lasse et fatiguée. Elle sut tout de suite ce qui se passait, et savait que sa journée était loin d’être achevée. Sa nouvelle protégée. Yuko Kagurazaka. Oui, c’était elle. Elle qui lui procurait ces maux de tête. Elle devait l’aider. Elle devait venir à son secours, abandonner sa toile, et rejoindre cette protégée qu’elle n’avait alors jamais vue. Elle vouait toute sa vie à ses protégés, qui étaient une vraie priorité pour elle. C'était eux surtout qui rendait sa vie meilleure. Elle aimait les aider, leur redonner le sourire quand leur moral était au plus bas. Elle aimait les rendre heureux. Elle avait posé son pinceau et retiré son tablier en hâte.
A présent debout, elle avait fermé les yeux, se concentrant, elle utilisa un de ses six dons d’Ange. La localisation. Sa petite protégée était dans une rue, seule et épuisée. « Boulevard of broken dreams”. L’endroit où elle avait fait sa séance photo aujourd'hui.

Yuko Kagurazaka était bien là. Assise sur le trottoir, le regard perdu, elle semblait penser loin, très loin. Perdue dans ses pensées, elle semblait être comme une coquille vide. Le vent glacial de l’hiver lui frôla les cheveux. Sa belle et longue chevelure de star s’éleva légèrement.

A cet moment-là, la jeune Ange aurait aimé que son pouvoir de Guérison ne puisse pas seulement soigner les plaies externes du corps humain, mais aussi les plaies internes du cœur. Pour guérir ce coeur fragile caché sous une belle apparence forte. Aelys se contenta de s’asseoir à côté de sa protégée, et comme pour un soutien morale, elle lui adressa un sourire.

« Il m’arrive moi aussi de me sentir seule. Je m’appelle Aelys Milos. »

« Enchantée Aelys. Je suis Yuko.... » elle marqua une rapide pause « Mais je pense que vous le savez déjà, non ? »

Aelys lui sourit. Elle ne connaissait pas très bien Yuko de face. Bien sûr, elle savait qu’elle avait de longs et sublimes cheveux, qu’elle avait des petits yeux noirs et qu’elle était élancée, comme la plupart des stars, elle était charmante. Depuis qu’on lui avait attribué la star sous son aile, elle n’avait cessé de lire les magazines dont elle faisait la une. Il y en avait tellement, tellement, que même qu’en un mois elle n’aurait pas pu tout lire. Les choses qu’on racontait sur elle étaient variées. Mais comment croire tout ça ? Ce n’était pas en lisant ses magazines qu’Aelys comptait la connaître. Mais lire ces magazines la rassurait. Elle l’avait pris sous son aile, mais aucune fois Yuko n’avait eu besoin d’elle. Alors en savoir un peu plus sur sa vie grâce à ses magazines lui faisait sentir qu’elle n’était pas totalement inutile. Aelys était même aller à écouter tous ses CDs juste pour connaître le son de sa voix.

Et Aelys savait qui Yuko Kagurazaka était. Une grande star fabuleuse. Mais en même temps, une Amazone. Et être Amazone n’était pas rien. Comme être star. Aelys avait souvent pensé que Yuko devait avoir une vie bien compliqué, mais elle s’en était toujours bien sorti. Tant de fois Aelys aurait aimé être là pour écouter son cœur essoufflé. La jeune ange n’avait jamais connu sa toute nouvelle protégée. Elle ne lui avait jamais adressé la parole. Jamais. Elle se contentait de veiller sur elle de loin, sans se montrer. Aelys savait se montrer discrète et appliquée dans son travail d’ange.

Chacun de ses protégés avait un caractère différent, et Aelys en était bien consciente. Elle n’agissait pas de la même façon pour tous ses « poussins ». Certains se montraient ouverts, d’autre, se recroquevillaient dans leur coquille d’acier. C’était tellement bon d’aider. Aider. Parler. Ecouter. A chaque fois qu’elle quittait un de ses protégés après une discussion, elle se sentait beaucoup plus légère. C’étaient bien eux qui la faisaient vivre, pas elle.

La jeune ange ne savait pas encore réellement quel caractère avait Yuko. Et à présent, enfin, oui enfin elle faisait la connaissance de la fameuse Yuko. Aelys plongea son regard dans les yeux sombres de Yuko.

Aelys savait déjà que Yuko allait réagir comme ça. Elle l’avait si longtemps observé qu’elle avait l’impression d’avoir toujours connu Yuko, alors que c’était la première fois qu’elle lui parlait. Yulo était directe, mais honnête. L’ange avait tellement espéré qu’un jour la star aurait besoin d’elle qu’elle était toute heureuse à présent de pouvoir lui parler. Mais la jeune fille retenait au fond d’elle tout son bonheur.

Aelys avait toujours été comme ça. Discrète, elle savait cacher ses sentiments. Surtout lors du départ de sa mère. Elle n’avait rien dit. Elle avait juste continué à vivre sa vie, cachant à tous son désespoir. Aelys faisait croire à tout le monde qu’elle avait oublié, mais elle n’avait pas oublié. Loin de là. Chaque jour, le souvenir de sa mère la hantait. Et chaque jour, elle s’éloignait d’elle.

Heureusement qu’elle avait ses protégés. Soulmate adorait être un ange. Elle l’avait toujours été. La jeune ange se sentait tellement bien avec ses protégés, c’était pour elle ses amis les plus proches. Elle était leur confidente, et les avait toujours connu. Elle aimait passer du temps avec eux. Sans eux, la vie serait bien trop triste. Voilà ce qu’elle était. Un ange modèle.

Soulmate regarda Yuko dans les yeux, avec un regard certain, lui dit :

Une Amazone. Aelys avait rencontré très peu d’Amazone dans sa courte de vie, et c’était la première fois qu’une Amazone était sa protégé. Quels étaient les soucis des Amazones ? Quelles étaient leurs peurs ? Leurs cauchemars ? Aelys n’en avait pas la moindre idée. Elle devrait se renseigner. Les Amazones aimaient plus que tout leur Reine. Mais qui était leur Reine ? Elle avait entendu son père parlait un fois d’elle… Aelys devrait lui demander ! Il a dû avoir plusieurs protégés Amazones. Elles n’aimaient pas la gente masculine. Heureusement qu’Aelys était une fille ! Et son père alors ? Oh, il devrait se débrouiller, il ne manquait pas d’expérience !

Yuko avait mentionné Scilion avec un certain… un certain ton. Bien sûr qu’elle le connaissait, entre anges, on se connaissait tous ! Scilion faisait parti des anges qui préféraient vivre sur Terre. Il vivait comme un humain, et se confondait totalement dans la masse. Aelys n’était pas comme lui. Scilion, le beau Scilion croyait en l’amour humain. C’était là que tout les différenciait. Avait-il raison, comme la mère d’Aelys, de vivre sur Terre et de croire en cet amour humain ?

Aelys réfléchissait. Aucun protégé ne lui avait encore posé cette question. De quoi devait-elle les protéger ? Elle même ne le savait pas. D’ailleurs, elle n’avait jamais vraiment utiliser ses pouvoirs offensifs comme la Foudre, à part dans les entraînements qu’elle avait avec son père.

Soulmate prit une inspiration et lui avoua :

- Pour tout te dire, je ne sais pas. Mais tu n’es pas ma protégé pour rien. Bientôt, ou même maintenant, tu es train de traverser un moment de ta vie difficile, et je suis là pour t’aider. Juste pour être un confidente, juste pour t’écouter et m’en aller, juste pour être une épaule sur laquelle tu peux te reposer. Je te protège de la solitude, de la tristesse, et du mal.

Aelys se frotta les mains pour se réchauffer. Et dire qu’il y a un instant, elle était bien au chaud dans son atelier ! La jeune ange s’était téléportée en vitesse ici, sans même se rendre compte du froid. En temps normal, elle n’avait pas peur du froid. Mais depuis qu’elle restait de plus en plus souvent sur Terre, elle commençait à ressentir le froid. Si seulement elle pouvait déployer ses ailes. Soulmate avait l’habitude, quand elle avait froid, de recroqueviller ses ailes chaudes autour de son corps. Cela la réchauffait. Au début, c’était son père qui le faisait pour elle, mais quand elle grandit et que ses ailes avaient pris forme, la jeune ange le faisait d’elle même. Elle se sentait si bien dans ses ailes. Cela lui rappelait sa tendre enfance. Quand sa mère était encore à ses côtés… Mais maintenant, sa mère les avait abandonné, elle est son père. Soulmate n’avait pas montré sa tristesse à son père, et lui de même, et le voir sourire à cet époque déchirait le cœur de Soulmate, sachant que c’était un sourire forcé pour ne pas l’inquiéter. Son père était vraiment admirable.

Aelys frissonnait. Qui était Danaka ? Danaka… Danaka… Elle semblait avoir déjà entendu ce nom quelque part. Sûrement de la bouche de son père ! Mais il ne lui restait aucun souvenir de cette Danaka. « accaparée par les conflits du clan ». C’était une Amazone. « à nouveau ma vie étalée dans la presse à scandale pour parler librement ». Mais que voulait Yuko insinuer ? Aelys se rappela soudain qu’il y avait un moment où Yuko faisait la une de plusieurs magazines, et ce n’était pas pour ses séances photos ou pour ses CDs, c’était pour autres choses. Une photo revint dans la tête de Aelys. Cette photo était dans tous les magazines. Yuko avec une personne. Danaka ?

La jeune ange regarda Yuko. Elle avait dû endurer beaucoup de choses ! Et tout garder pour elle. Tout. Et ce n’était pas bien de tout garder pour elle. Comme son père qui avait tout gardé son chagrin pour lui lors du départ de son épouse. Les personnes qui arrivaient à tout garder pour eux étaient vraiment des personnes avec un coeur fort. Yuko avait un cœur fort. Comment avait-elle réussi à supporter tous ses magazines qui chuchotaient sur elle ?

Aelys ressentait en elle une envie de se lever et rejoindre tous les journalistes qui avaient publiés des choses trop personnelles sur la star et de enfin, oui enfin utiliser son pouvoir Foudre sur quelqu’un. Oui, Soulmate avait tendance à faire sa « maman poule » envers ses protégés.

Lorsque Yuko lui enroula l’écharpe autour de ses épaules, Soulmate éprouva vraiment un sentiment de bonheur. Son cœur était rempli de joie, et l’ange sautillait intérieurement. Cette écharpe lui réchauffait non seulement le cou, mais aussi le cœur. Parce que cette écharpe montrait que Yuko l’acceptait. En effet, Soulmate savait à quel point ça devait être dur d’avoir à se confier à un inconnu qu’on ne connaissait pas du tout, de devoir tout lui dire, d’avoir l’impression d’avoir été espionné et d’avoir devant sois une espèce « d’ange gardien » qui ne servait qu’à enfoncer sa peine en se disant que sa peine devait vraiment être importante si un ange se présentait à nous. Mais Yuko devait être forte. Oui, Yuko était forte. Soulmate pouvait sentir sa forte présence, elle avait beaucoup de force de présente. Elle était présente. Soulmate aurait elle aussi aimé être un ange fort parfois. Mais comment devenir fort ?

La confidence que lui avait faite sa protégé lui avait touché au plus profond du cœur. Qu’elle lui confie ses soucis qui devaient le plus la blesser rendait Soulmate heureuse, mais apprenant que sa protégée souffrait, cela lui brisait le cœur aussitôt. Comment pouvait-on être si cruel ? Les hommes ne pouvaient pas laisser ses semblables vivrent de leur côté, tranquillement ? Comment pouvait-on gâcher une vie ? Pour gâcher une vie, il fallait quand même être nombreux. Alors ce n’est pas qu’un seul homme qui serait mauvais, mais plusieurs ? Le monde humain était vraiment très varié. Soulmate en apprendrait toujours sur le monde humain tellement vaste qu’en une vie, Soulmate ne pourrait pas tout connaître. Bien sûr, ses protégés étaient toujours les gentils dans l’histoire !

Danaka. L’amour encore. Le centre du monde terrestre devait bien être l’amour tout compte fait. C’était ce qui faisait peut-être vivre les gens. « Elle est ma vie, elle est celle que j'aime plus que tout au monde, je crois que je ne pourrais pas vivre sans elle». Soulmate se demanda si un jour elle serait capable d’aimer, de pouvoir un jour penser cela. Le sentiment qu’elle éprouvait auprès de son ami d’enfance Milos se rapprochait de ça. Mais depuis, elle n’avait plus ressenti ce sentiment si fort. Et elle retourna dans le passé. Est-ce que son père a su surmonter le départ de sa mère ?

Soulmate ne savait pas quoi dire face à la confession de sa protégée. Elle se contenta de passer un bras derrière les épaules de sa protégée, d’avancer son épaule et de lui faire poser délicatement la tête sur son épaule. Elle la serra doucement dans ses bras. Elle aurait tellement voulu guérir les blessures dans le cœur de sa protégée. Mais l’ange ne pouvait pas atteindre cet organe.

« Ne t’inquiète pas, tout ira bien, je suis là. Et je suis sûre que Danaka est là pour toi » chuchota Aelys.

Soulmate adorait la neige. Ses petits flocons de neige qui dansaient dans le ciel étaient merveilleux. Et c’était encore mieux quand on volait dans le ciel ! La jeune ange rejeta sa tête en arrière et contempla ces petits flocons de neige. Elle ferma les yeux. Un doux vent glacial lui caressa le visage. Elle ouvrit les yeux. Sa protégé, debout lui tendait la main. Soulmate lui adressa un sourire, et heureuse, attrapa sa main. L’ange s’attachait très vite à ses protégés, dès les premières rencontres, elle devenait folle de ses protégés.

Danaka. Yuko devait beaucoup l’aimer ! Si seulement Soulmate pouvait faire quelque chose. Mais en amour, elle ne pouvait rien. Elle n’était qu’une ange gardien, elle n’était pas Cupidon. Et puis être ange gardien lui semblait parfois presqu’inutile. C’est vrai, comment pouvait-elle aider Yuko ? Elle ne pouvait que l’écouter pour l’instant.

Au contact, la main de Yuko était froide. Soulmate espérait qu’elle avait insufflé un peu de chaleur dans la paume de la main de sa protégé un instant, car contrairement aux mains de Yuko, Soulmate avait les mains chaudes. La jeune ange se fit lever par sa protégée. En se levant, Soulmate retira son écharpe et la passa autour du cou de Yuko. Si elle l’avait les mains si froides, elle devait elle-même avoir froid. Yuko lui sourit, ce qui lui fit chaud au cœur. Elle l’attira ensuite vers le bâtiment où elle était sortie il y avait juste quelques instants. Mais qu’était-ce drôle de bâtiment ? En tout cas, à l’intérieur, il devait y avoir du thé. Soulmate adorait le thé ! Surtout quand il faisait froid comme ça. Ah, un studio photo. Y avait-il plein de photographe ? De paparazzi ? Comment était un studio photo ?

« Je ne suis jamais entrée dans ce genre d’endroit pour tout avouer, mais ça me plaît bien ! » lui avoua Aelys avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Pour toute réponse, Yuko lui sourit et appuya sur la poignée de la porte.

Du silence au brouhaha, de l’obscurité à la lumière des projecteurs, du froid à la chaleur, de la solitude à la foule. L’intérieur était vraiment différent de l’extérieur. C’était un grand espace magique. Aelys pensa à toutes ces filles qui rêveraient d’être à sa place, dans ce magnifique endroit magique pour réaliser le rêve d’être une star. Et Yuko était devenue une star talentueuse. Les gens s’activaient, bougeaient, se pressaient, puis s’étaient arrêtés une fraction de seconde, et avaient regardé Aelys avec curiosité, ce qui embarrassa l’ange, mais elle n’y fit rien paraître, et leur esquissa un sourire discret sans les regarder. Aelys était peut-être habituée à être regarder par des trentaines de personnes à la fois dans sa salle de classe, mais pas à une trentaine de personnes qui la dévisageaient de haut en bas. Evidemment, dans sa classe, la majorité ne faisait pas attention à sa façon de s’habiller, de se tenir et d’être.
Aelys attrapa le sachet de viennoiserie que lui tendait sa protégée. Dès qu’elle l’eut tenu, une douce effluve en sorti, ce qui lui donna encore plus envie d’en manger. Yuko avait pris un pain chocolat, et cela lui semblait la rendre déjà heureuse. Il restait encore des pains au chocolat, des croissants, des pains aux raisons et…

« Oh ! Des chaussons aux pommes ! J’adore ça ! » s’exclama Aelys en plongeant à son tour sa main dans le paquet pour en retirer un.

Le sourire aux lèvres, elle posa délicatement le sachet de viennoiseries sur la table. Elle croqua dans son chausson aux pommes. Délicieux ! Il n’y avait vraiment que les humains pour faire de telles choses ! Les humains étaient redoutables en cuisine ! Ses papilles gustatives s’en régalaient. C’était vraiment sur Terre qu’elle avait pour la première fois mangé. Qu’était-ce la première qu’elle avait mis en bouche, mâchée, puis avalée ? Oui, elle s’en souvient. La jeune ange était encore très jeune, mais sa mère avait tenu à l’emmener sur Terre pour lui faire goûter ce qu’elle préférait le plus : les chips. Sa mère adorait tout ce qui était salé. Elle aimait les chips et les salami. Elle n’avait alors que deux décennies, mais Soulmate s’en rappelait comme si c’était hier. Comme si c’était hier que sa mère était encore à ses côtés…
La jeune ange se pencha alors vers les sachets de thé en repoussant toutes les pensées de sa mère dans sa tête. Elle n’était pas là pour penser à elle, mais toute son âme et son corps était ici pour sa protégée.

« Ah ! Je ne savais pas qu’il y avait tellement de sorte de thé, je ne connaissais que le thé au citron du distributeur dans le lycée où j’enseigne, mais je veux bien goûter un thé à la vanille, lui dit-elle, d’ailleurs, il me semble que tu ne sais rien de moi non ? Tu peux me poser n’importe quelle question, que ce soit dans ma vie d’ange, ou ma vie personnelle sur Terre ! »

Le jeune homme était plutôt drôle, à vrai dire. L’ange était heureuse d’apprendre que sa protégée avait des personnes dans son travail qui la faisait sourire. Yuko n’était pas seule, évidemment, comment une star pouvait se sentir seule ? Tellement de monde tournaient autour d’elle. Ses fans, ses paparazzi, et même le photographe ! Pourtant, Aelys savait qu’au fond, Yuko ne devait sûrement penser qu’à une seule personne en particulier. Danaka.
Aelys esquissa un sourire au photographe qui lui avait fait allusion au chausson aux pommes qu’elle venait de finir. Elle reprit donc le paquet, et en repiocha un autre, au plaisir de sa protégée. Aelys adorait les chaussons aux pommes.


Aelys approcha doucement la tasse de thé de ses lèvres. Les effluves de cannelle lui parvenaient déjà à ses narines. La cannelle, ça lui faisait rappeler Noël. Pourquoi Noël ? Eh bien, avec tous les biscuits de Noël à la cannelle ! Aelys se rappelait du premier Noël qu’elle avait fêté sur Terre. Les anges et les Humains avaient de différentes façon de fêter Noël. Les anges ne faisaient pas de gâteaux à la cannelle. Pourtant, la cannelle, c’est ce que l’ange préférait. Son premier Noël, elle l’avait fêté avec Milos.
L’ange porta le thé à sa bouche. Elle aimait boire le thé bien chaud, presque brûlant. Un thé tiède n’était pas un thé pour elle. Ce thé était même assez bon, pour ne pas avoir à rajouter un sucre.

« Je trouve que tu as fait un très bon choix de thé, pour tout t’avouer, j’adore la cannelle ! » s’exclama-t-elle.

Aelys observa longuement sa protégée. Elle hésitait à lui faire part de ses sentiments. Elle se sentait si bien auprès de sa nouvelle protégée ! En une heure, c’était comme si elles s’étaient toujours connues. Il n’y a avait aucune pudeur dans leurs mots. Mais Aelys n’était pas du genre à alarmer ses protégés, et encore moins ses nouveaux protégés ! Pourtant… Et si ses sentiments étaient faux, il n’y aurait rien d’alarmant, n’est-ce pas ?
L’ange prit son air sérieux. Elle n’avait plus du tout l’air d’une personne rêveuse. Quand ses protégés étaient menacés, elle était plus que sérieuse. D’un ton neutre et calme, elle souffla doucement :


Aelys s’interrompit. Non. Non, et non. Pourquoi s’alarmer ? Ce n’était pourtant qu’une impression… Pourtant… Pourtant, elle poursuivit :


Et voilà, elle avait dit. Il ne restait plus qu’à attendre sa réponse.

Aelys acquiesça en souriant. Oui, elle adorait être prof. Elle adorait ses élèves. Peut-être que Yuko avait raison. Peut-être qu’elle les considérait comme des petits protégés. Combien de fois en avait-elle défendu un lors d’un conseil de classe ? Tellement qu’il était impossible de compter toutes ces fois. Mais pour elle, être prof, c’était ça. Enseigner, et prendre quelqu’un sous son aile. D’ailleurs, cette expression lui allait très bien. Elle aimait protéger, guider, et même materner ses élèves. Certains de ses élèves l’adoraient. Mais elle n’allait pas plus loin avec ses élèves, au delà de leur enseigner l’art. Elle n’aimait pas trop se rapprocher de ses élèves. Elle sentait un sentiment de trahison envers elle même quand elle se mettait à apprécier trop un élève. La jeune ange ne voulait plus goûter aux sentiments humains. Elle ne voulait pas avoir à vivre la même histoire qu’avec Milos. Elle ne voulait pas non plus abandonner son père. Et puis, pourquoi elle y pensait ? Ca n’arrivera pas.
Aelys porta de nouveau le thé de Yuko à ses lèvres, et en but une ou deux gorgées, avant de lui répondre :

- J’ai pratiqué beaucoup de métier dans ma vie comme je l’ai dit. Je suis allée dans beaucoup d’endroit, même au Japon d’ailleurs !

Yuko savait être calme et sérieuse. Elle avait du sang froid, ça se voyait. Et puis Soulmate l’avait déjà assez suffisamment observée pour connaître aux moins ses tons de voix. La jeune ange posa sa tasse de thé sur la table et se mit à réfléchir.

Qu’es-ce qui se passait à Attia ? Pourquoi tellement de magie autour d’elle ? Des personnes avec mauvaises intensions ? Soulmate avait donc raison. Etait-ce son 6eme sens qui s’était tout à coup réveillé ? Parce que oui, apparemment, Soulmate avait un 6eme sens d’après ses supérieurs, et surtout d’après son père, mais jamais Soulmate n’avait ressenti avoir un quelconque 6eme sens. Son père lui avait dit de rester bien concentrer pour bien l’utiliser. Mais concentrer quand ? Où ? Et comment ? C’était bien un pouvoir totalement invisible pour elle, hors entraînement avec son père.

Soulmate se demanda soudain si Yuko avait aussi ce 6eme sens. Ou alors savait-elle des choses que Soulmate ne savait pas ? L’ange était totalement dans l’ignorance. Mais elle ne savait pas si elle devait parler de ça avec Yuko. Bien sûr qu’elle avait confiance en sa protégée, mais… Et si elle n’était pas concernée par ce mal qui rôdait à Attia ? Soulmate ne voulait surtout pas risquer d’entraîner Yuko dans cette histoire.

Et puis quoi, ce n’était qu’un pressentiment ! Son don de 6eme sens avait peut-être « déconné ».

Le silence commençait à se faire lourd. Soulmate prit alors une profonde inspiration, avant de commencer :

- Il faut que je t’avoue que j’ai un don de 6eme sens, mais je ne sais pas s’il fonctionne encore très bien, mais… Je crois qu’un danger plane au-dessus d’Attia.

Elle s’interrompit, et observa la réaction de Yuko, qui l’écoutait attentivement.
La jeune ange continua :

- Je ne suis au courant de rien, ce n’est qu’une pressentiment, toute fois, je voulais juste en avoir le cœur net. Et puis, peut-être bien que je me trompe. Du moins, je l’espère !

Aelys reprit sa tasse, et but tout le thé qu’il y avait à l’intérieur. Elle se cala dans son siège, et était impatiente de la réponde de sa protégé, mais en même temps, elle avait peur.

Aelys écoutait attentivement l’histoire de sa protégé. Elle racontait son récit paisiblement, mais la jeune ange sentait bien que ça la tracassait aussi. Ainsi, Yuko aussi avait ce pressentiment. Et pire encore, elle avait déjà rencontré un de ces êtres avec des mauvaises intentions. Pourquoi Soulmate n’a pas été prévenue ? Elle aurait dû être là ! Elle aurait pu la soigner avec son pouvoir de Guérison. Ou peut-être bien qu’à ce moment-là, Yuko n’était pas encore sous son aile. Et puis c’était peut-être même après cet épisode qu’on lui confia Yuko. Peut-être qu’elle était menacée ? Personne ne disait rien aux Anges gardiens. Les supérieurs leurs donnaient des protégés, sans jamais donner une raison avec. Mais Soulmate ne pouvait pas s’empêcher de s’en vouloir. C’était sa protégé ! Comment pouvait-elle être blessée sans qu’elle le sache ? Pourquoi ne lui a-t-on rien dit ? Soulmate sentait monter en elle de la colère, envers elle même, et ses supérieurs. Pourquoi n’est-elle pas allée chercher plus d’informations sur Yuko ? Elle aurait tellement voulu être là…

La jeune ange se mordit les lèvres, et d’un ton sérieux, lui dit :
- Si seulement j’avais été là… Si tu as un problème de ce genre, n’hésite pas à appeler ta petite ange gardienne, je serais toujours là pour toi !

Soulmate savait qu’à partir de maintenant, elle devrait faire plus attention au monde qui l’entoure. A observer les êtres magiques qu’elle rencontre dans la rue. A se renseigner. Et surtout, à veiller sur ses protégés, car c’était là, son devoir primordial dans toute cette histoire. Elle n’était là que pour les protéger. Quand un de ses protégés était en danger, elle s’enflammait vite. Mais alors si tous ces protégés habitants à Attia l’était… Soulmate prit une profonde inspiration. Non, nous n’étions pas encore à là.

La jeune ange observa Yuko. Elle semblait si sereine ! Personne ne croirait qu’elle sortait d’un combat ! Bien sûr, elle était une guerrière, alors elle avait peut-être été entraînée à cacher ses faiblesses, mais Soulmate était son ange gardien. On ne cachait rien à son petit ange. Elle aurait tellement voulu lui sauter dessus, lui demander où avait-elle été blessé, comment pourquoi, si elle pouvait faire quelque chose à propos de ça, si elle avait encore mal à ses blessures ! Mais non, mais non. Il ne fallait pas la brusquer. Ses autres protégés encore connaissaient son caractère impulsif et excité quand il s’agissait de se battre. Alors elle lui demanda avec calme et sérénité, tout comme un ange aurait :

- Mais pourquoi voulait-il te tuer ? Qu’est-ce qu’il recherchait ?

Et puis peut-être que son don de 6eme sens fonctionnait vraiment. Peut-être que Yuko avait raison. Il fallait se laisser emporter par la magie nouvelle qui envahissait son corps. Peut-être trouvera-t-elle une réponse ?

« - Et si j’avais un rôle à jouer, lequel serait-il ? Je ne suis qu’un ange gardien ! Mon rôle n’est-il pas seulement de protéger mes protégés ? s’enquit la jeune ange. Même si au fond de moi… Je veux faire quelque chose. J’ai même envie de me battre. »

Aelys rigolait. Eh oui, même envie de se battre. Pour quoi ? Eh bien… Elle ne savait pas vraiment, mais se battre oui.

« Oh oui ! Je veux une chanson ! »

Une chanson, ça n’avait rien de méchant et ça permettait d’apaiser la tension. La jeune fille se posa dans son fauteuil, prête à écouter le doux chant de sa protégée.

Aelys avait été emportée par la voie de Yuko. Elle se sentait légère, comme dans un doux rêve, elle écoutait le beau chant de l’Amazone, qui l’emmenait dans sa musique, la projetant dans ses souvenirs. L’Ange était ailleurs, perdue dans ses pensées, pourtant, la voie de Yuko résonnait en elle, accompagnant ses doux souvenirs d’enfance. Elle se mit à repenser à son passé, au sourire de sa mère, qu’elle n’avait plus revu depuis quelques dizaines d’années. Etait-elle heureuse en Irlande ? Elle avait décidé d’y vivre, avec son compagnon humain. Le prénom « Aelys », un prénom que sa mère aimait beaucoup, signifiait « Ange » en gaélique, l’ancien irlandais. Et puis, l’Ange s’était toujours demandée, si elle avait des demi-frères et demi-sœurs. Au fond, elle aurait bien aimé les connaître, puisqu’elle avait toujours été enfant unique. Mi-ange, mi-humain ? A quoi ça pourrait ressembler ?

A chaque fois qu’Aelys repensait à sa mère, elle en avait le cœur serré. Mais cette fois, accompagnée de la douce voix, mais en même temps forte et rassurante de Yuko, ça la transplanait dans un moment tendre et nostalgique.

La jeune ange repensa alors au combat de Yuko. Quel était cet objet puissant ? Une baguette magique ? Une épée comme Escalibur ? L’Ange essayait de s’imaginait quelle sorte d’objet puissant cela pouvait bien être, mais elle ne voulait pas déranger sa petite protégée dans son chant. Elle avait une si belle voix… Derrière cette apparence de star, se trouvait en fait une vraie guerrière Amazone, qui n’hésitait pas à se battre quand il le fallait.

La jeune fille releva une de ses mèches rebelles de ses yeux, et s’adossa au fauteuil, laissant tout le poids de ses épaules s’alléger. Ce que lui avait dit l’Amazone lui avait rendu un peu perplexe. Et si elle avait un rôle à remplir ? Elle n’avait pas pensé à ça. Pour elle, un Ange n’était là que pour écouter ses protégés, les conseiller, les protéger… Mais se battre et les défendre ? Elle n’y avait jamais songé… Le « message »… Au fond d’elle, il y avait quelque chose qui n’allait pas. Elle se sentait l’envie d’agir. Elle avait envie de protéger son monde, de se battre pour lui, surtout avec Yuko à ses côtés, qu’elle admirait son côté d’Amazone, de guerrière redoutable. Mais maintenant, cette idée s’illuminait dans son esprit. Mais oui, pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? Son père ne l’avait pas sur-entraîné pour rien, non ? Combien d’heure avaient-ils passé à améliorer sa capacité à utiliser la foudre ? Elle n’avait jamais pensé à demandé à son père pourquoi tous ses entraînements. Peut-être qu’il y avait un but précis ? Peut-être que non ? Et puis… Peut-être que son père était au courant d’une chose peut-être ? Non, Aelys avait l’impression qu’il n’y avait qu’elle qui ressentait ce danger imminent, jusqu’à ce qu’elle en parle avec Yuko. Elle n’aurait jamais imaginé que sa protégée aurait eu un contact direct avec un « méchant ». Et ça, ça lui donnait encore plus envie de devenir meilleure, et surtout, améliorer sa seule capacité d’attaque, la foudre.

Aelys était un peu perdue dans ses pensées, et n’avait pas remarqué le photographe qui les prenait en photo. La jeune ange était un peu gênée, mais ne fit comme si elle n’avait rien vu, de nature discrète, elle continua à écouter le doux chant de sa protégé, sans l’interrompre. Etait-ce normal de se faire « fusiller » de photo ainsi ? Mais ça n’avait pas l’air de gêné de l’Amazone. Etait-elle habituée, ou n’avait-elle vraiment pas remarqué, emportée par son propre chant ? En tout cas, la jeune ange continuait à se faire bercer par cette douce mélodie, demandant que ça ne s’arrête jamais.